Tribune pour un RER métropolitain : Toulouse et son agglomération ne doivent pas laisser passer le train du quotidien !

Reprise dans Le Journal Toulousain Photo ©Pxhere et La Dépêche du Midi

Nous n’avons plus d’autres choix que des réponses rapides et coordonnées aux différentes crises et chocs auxquels nous faisons face :

La crise climatique et environnementale s’amplifie et nous impose plus que jamais de mettre en œuvre de nouvelles visions dans les politiques publiques ; la crise énergétique, (accentuée par le contexte de guerre), impacte, avec l’envolée des prix des carburants, le pouvoir de vivre des habitantes et habitants et leur capacité à se déplacer.

Ainsi, la question des mobilités devient un enjeu de plus en plus stratégique, en particulier pour les populations les plus dépendantes : à la question du prix de l’énergie s’ajoute la nécessité d’accompagner le déploiement des Zones à Faibles Émissions (ZFE).

Dans l’agglomération toulousaine, 75% des habitants en dehors de l’hypercentre sont aujourd’hui obligés d’utiliser leur voiture car ils ne disposent pas d’un transport en commun adapté et efficace. Ce chiffre tombe à 32% pour l’hypercentre, plus dense et déjà bien loti par le réseau Tisséo.

Le RER constitue une réponse efficace à cet enjeu. Bien que la SNCF ait travaillé depuis plus de 10 ans sur le concept de SEM (Service Express Métropolitain), le soutien financier et concret de l’État tarde à se manifester. Pourtant, certaines métropoles se sont déjà engagées dans des projets de RER ou SEM

: Strasbourg, Bordeaux et bientôt Lyon ont déjà avancé sur de premiers « chocs d’offre ».

A Toulouse, rendons hommage au travail effectué ces dernières années par l’association transpartisane RALLUMONS L’ÉTOILE, travail qui a abouti à faire bouger les lignes ces dernières semaines.

Pourquoi un RER ?

  • Le seul projet de 3ème ligne de métro ne suffira pas. Cette infrastructure ne sera pas opérationnelle avant 2030 et nous devons apporter des réponses aux problèmes des habitants avant la fin de cette décennie.
  • L’infrastructure ferroviaire existe. Elle dessine, par ses 6 branches, une toile qui irrigue l’agglomération par de grandes artères qu’il faut raccorder aux réseaux existants et futurs.
  • Avec l’extension continue de la métropole, une partie des trains régionaux contribue au trafic périurbain via les gares situées sur le territoire de Tisséo. L’offre périurbaine actuelle est un mixte de trains et cars régionaux et de transports en commun Tisséo, mais ces offres ne sont pas connectées, en matière d’horaires et de qualité des correspondances. A l’époque où tout était à développer, on pouvait comprendre que chacun avance sur son territoire sans véritable coordination, mais aujourd’hui, ce mode de fonctionnement débouche sur un véritable gâchis en termes de bon usage des deniers publics et de recherche de la meilleure efficacité.
  • Ainsi, en développant les gares d’échange et en cadençant les trains dédiés au service métropolitain (RER ou SEM), l’objectif est de permettre à une grande majorité des habitants de l’agglomération de ne plus avoir besoin de la voiture pour être reliés au réseau structurant Tisséo et de rejoindre facilement la ville-centre ou d’autres communes périphériques.

Construire collectivement des projets en synergie

Le projet implique une synergie entre les différents acteurs institutionnels de la mobilité : Région, Tisséo, Département, SNCF et Etat.

Récemment, des vœux en faveur du RER inspirés plus ou moins librement d’une proposition de « voeu Phase 1 » de l’association Rallumons l’étoile, ont été votés par de nombreuses communes de l’agglomération mais également à l’unanimité à Toulouse Métropole.

Les récentes déclarations de la Présidente de la Région et du Président du Département sont également un signe fort que les lignes sont en train de bouger et que le projet de RER est désormais possible.

Une méthode par étapes et par bassins de vie

Un projet d’une telle ampleur impose de mettre en place une approche globale, en associant des acteurs qui travaillaient chacun de leur côté, en coordonnant les offres pour le plus grand bénéfice de nos concitoyens, en pensant les investissements futurs en bonne intelligence, bref en plaçant le RER comme le chaînon manquant du réseau structurant métropolitain.

L’approche globale, c’est un objectif sur le long terme de lignes cadencées au ¼ d’heure entre terminus – Brax à l’Ouest, Muret et Auterive au sud, Castelnaudary puis Baziège au sud-est (après travaux en gare), Castelnau d’Estrétefonds au nord, Saint Sulpice à l’est – en desservant toutes les gares du parcours et en démultipliant les possibilités de correspondances et d’accès au réseau existant des transports en commun urbains.

Le partage et la répartition du projet par bassins de vie permettra d’inclure les habitants et de solliciter les collectivités, en fonction des priorités retenues globalement. Chaque gare d’échange est ainsi l’occasion d’un véritable projet urbain au service des nouveaux besoins des habitants (mobilités, stationnement commerces, services, …).

Dans cette optique, il est indispensable de recenser les études existantes, de lancer les études complémentaires permettant d’avoir des analyses techniques et des estimations budgétaires précises, et dans la concertation, de lancer le projet avec des réponses échelonnées dans le temps pour des résultats dès la fin de l’année 2023 et jusqu’en 2030.

L’ensemble des acteurs institutionnels de nos territoires, mais également le Président de la République se sont prononcés en faveur du principe de RER. Il s’agit maintenant d’avancer sur des actions

concrètes : nul doute que la gouvernance des projets suivra, plusieurs solutions étant possibles, de la simple coordination organisée, au syndicat mixte des transports type Ile de France Mobilités.

Les habitantes et habitants attendent des réponses rapides pour améliorer leur quotidien. Il y a urgence. Ensemble, disons oui au RER toulousain !

SIGNATAIRES

Christine ARRIGHI, Députée de la 9ème circonscription de Haute-Garonne

Michèle BLEUSE, Conseillère métropolitaine et municipale (Toulouse)

Sophie BOUBIDI, Conseillère métropolitaine et municipale (Colomiers)

Hélène CABANES, Conseillère métropolitaine et municipale (Toulouse)

Patrick CHARTIER, Conseiller métropolitain et municipal délégué à l’énergie et au climat (Tournefeuille)

Pierre COHEN, ancien Maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole

Jean-Louis COLL, Maire de Pinsaguel, Vice-Président de la Communauté d’agglomération du Muretain en charge de l’aménagement du territoire et du suivi du projet de territoire

Romain CUJIVES, Conseiller métropolitain et municipal (Toulouse)

Mourad FELLAH, Conseiller départemental du Canton de Toulouse-5

Isabelle HARDY, Vice-Présidente du Conseil Départemental, Conseillère métropolitaine et municipale (Toulouse)

Thomas KARMANN, Conseiller métropolitain et municipal délégué à la résilience et au climat (Cugnaux)

Christophe LUBAC, Conseiller départemental du Canton de Toulouse-11

Antoine MAURICE, Conseiller métropolitain et municipal (Toulouse)

Jean-Marc TERRISSE, Adjoint au Maire de Muret délégué à la transition écologique et aux mobilités, Conseiller communautaire de la Communauté d’agglomération du Muretain

Sophie TOUZET, Conseillère départementale du Canton de Muret